Aucun doute, il y a 25 ans, les champions du Monde d’échec avait pris une grosse claque avec l’apparition de Deep Blue, l’IA joueuse d’échec qui leur donnait une bonne leçon d’humilité tout en écrivant une nouvelle page du roman de SF toujours inachevé : « La Machine plus forte que l’Homme ?»

Alors les IA de Dall-e ou Midjourney sont-elles de dangereuses concurrentes des illustrateurs ou simplement des partenaires inoffensifs, dociles et néanmoins créatifs.

A ce sujet, on peut se remémorer l’arrivée des banques d’images dans les agences de publicité qui avait créé un véritable tollé du côté des photographes. « C’est la mort de notre métier !!» haranguaient-ils en voyant les équipes créatives utiliser des images souvent de très bonne facture et surtout libres de droits.

Un demi-siècle plus tard, les photographes professionnels sont toujours là.

Ils ont survécu en évoluant : des photos plus humaines et réalisées sur-mesure pour leurs clients, des photos impossibles à retrouver utilisées par un concurrent. En bref, ils ont été contraints de se surpasser, d’être plus créatifs, plus « humains » en quelque sorte.

Où est le problème ?

Aujourd’hui les écrivains et les scénaristes sont également confrontés à la concurrence des IA, Hollywood est même en grève à cette occasion, redoutant le chômage imminent et le fait qu’un jour toutes les séries des géants du streaming auront des airs de « Sous le Soleil » et que les thrillers les plus aboutis auront des scénarios dignes d’un épisode de Scoubidou.

Mais revenons à notre sujet, le sujet de l’image.

En théorie, plus la description de l’image attendue sera précise, plus le résultat sera bluffant. C’est dans cette description que résidera désormais la créativité ? Plus besoin de crayon donc plus besoin de main qui tient le crayon ?

Tout cela finira par un cerveau qui parle à un autre cerveau, avec tout de même des yeux pour apprécier le résultat.

Donc en fin de compte l’issue dramatique risque d’être la suivante : les générations futures n’apprendront plus à dessiner, ne serait-ce qu’un cube, mais développerons un imaginaire débridé et sans limites pour créer des images de plus en plus complexes et élaborées.

Aujourd’hui, on demande à L’IA de créer une image dans le style cubiste ou à la manière de Brueghel l’ancien voire Keith Haring et le résultat est impressionant.

Demain QUI créera de nouveaux styles, de nouvelles tendances picturales ? Doit-on dire adieu aux galeries d’arts et les transformer en Musées ?

Le véritables créatifs de demain seront ceux qui n’utilisent pas l’IA pour fabriquer leurs images, ceux qui seront capables d’imposer leur propre style graphique et de mettre du sens dans leur art.

L’ Art est blessé mais il respire encore, sur chaque mur de nos villes ou dans n’importe quel ouvrage de bande dessinée.

En attendant amusons-nous sans modération avec ce nouveau jouet.